Ça dézingue sec…
Juin 1964, un coup d’état vient d’être fomenté au Taginastan. Le roi Mustafa 129 vient d’être assassiné par son frère Ibrahim Moka Ben Fourboul. Pour accéder au trône, celui-ci doit avant tout éliminer Omar 1er, fils du roi. Pour l’aider dans sa tâche, Ibrahim a passé des accords commerciaux exclusifs avec la Kraspie qui en contrepartie lui fournit son soutien en toute occasion. L’heure est grave, plusieurs pays se réunissent, malgré un contexte de guerre froide, pour lutter contre l’usurpateur en escortant Omar. Pour la France, c’est Raoul Fracassin, agent des services secrets qui a été choisi. Avec ses homologues américains, russes et britanniques, il met tout en œuvre pour protéger le futur Roi.
Philippe Loirat réalise de bonnes caricatures. Il croque les grands acteurs de films des années 60 comme Lino Ventura, Michel Constantin, Bertrand Blier, Francis Blanche ou encore Jean Lefèvre. On retrouve d’ailleurs beaucoup des têtes du film les tontons flingueurs, d’où a été tiré le titre de la BD, même si elle dispose également d’un sous-titre qui n’a rien à voir (Les aventures de Raoul Fracassin). Le trait est assez incisif et viril. Les décors sont un peu élaborés à certains endroits et assez succincts à d’autres. Le découpage de certaines cases donne de la dynamique à l’histoire notamment dans les poursuites. Les couleurs sont fluctuantes, parfois très contrastées et parfois assez douces.
Philippe Chanoinat, le scénariste s’inspire beaucoup du ton utilisé dans les dialogues de Michel Audiard en les adaptant à l’histoire. Ici pas d’« éparpillé aux quatre coins de paris façon Puzzle » mais des phrase comme « j’ai peur qu’une certaine impétuosité de votre part nous amène à quelques excès » ou encore « Et la destruction totale du palais présidentiel en polynazie, j’imagine que l’on doit cette charmante plaisanterie à un dérèglement climatique ». Un humour un peu absurde qui ressemble assez à celui d’un Hubert Bonisseur de La Bath, campé par Jean Dujardin et qui ravira les fans de ce type de divertissement, dont je fais partie.
J’ai trouvé la BD assez plaisante à lire même si elle surfe un peu sur le mode revival des films comme « les tontons flingueurs » ou « les Barbouzes », que j’adore soit dit en passant. Elle reste néanmoins un bon album BD, avec des dessins agréables à l’œil et des dialogues gouailleurs. C’est un vibrant hommage aux films de Georges Lautner et aux dialogues de Michel Audiard, d’ailleurs, les auteurs l’assument totalement et ne s’en cachent pas. Ce qui ne devait être au départ qu’un one-shot de seulement 48 pages a depuis donnés 2 suites.