Adaptation d’une intrigue bien ficelée…
En février 1761, Nicolas est convoqué à Paris chez Monsieur Sartine, lieutenant-général de police. Ce dernier lui demande de faire toute la lumière sur la mystérieuse disparition du commissaire Lardin. Commence alors pour notre jeune inspecteur, une enquête qui le mènera à risquer sa vie au service de la vérité, dans le Paris de l’Ancien Régime. Entre un commissaire corrompu, des pensionnaires de maison close, des assassins sans vergogne et bien d’autres personnages, Nicolas arrivera-t-il à démêler le nœud du problème et peut-être sauver l’honneur du roi de France…
Je connaissais le héros de Jean-François Parot par quelques épisodes de la série de France 2 mais aussi par la lecture de l’homme au ventre de plomb. Ce même livre est le prochain à être adapté par Dobbs, étant donné que l’énigme des blancs manteaux dans sa version dessinée semble être, à l’instar du roman originel, un succès commercial. Il est toujours difficile de s’atteler à l’adaptation d’une œuvre littéraire. Néanmoins, Dobbs a une nouvelle fois démontré tout son savoir-faire en la matière. Alors même que vient juste de sortir une autre de ses adaptations avec La Bête humaine de Zola, son Nicolas le Floch s’impose aux admirateurs du héros de Parot comme aux nouveaux lecteurs qui entrent pour la première fois dans cet univers d’un Paris du XVIIIème siècle, mystérieux et assez sombre.
Cette bande dessinée ne se limite pas à être une reconstitution historique mais elle nous conte une intrigue policière dont le suspens nous tient en haleine jusqu’à la fin de l’album. Bien que j’avoue que le dénouement se fait un peu de manière précipité, cela est sûrement dû au fait que le récit a dû être condensé pour passer d’un roman de 380 pages à une BD de 62 planches. C’est aussi pourquoi, on ne s’appesantit pas sur la présentation des personnages et de leurs relations, qui seront a n’en pas douter, développées dans les prochaines aventures de notre héros. Il n’en demeure pas moins que ce polar historique est rondement mené et qu’il met en valeur, Nicolas, un jeune Breton plutôt perspicace qui est promu à un brillant avenir au vu de ses qualités d’enquêteur.
De même, Dobbs a apporté une attention toute particulière aux dialogues pour les rendre crédibles par rapport à l’époque. Cela donne une ambiance particulière à l’histoire car on n’a pas l’habitude de lire des bandes dessinées avec ce phrasé. Cela renforce ainsi notre immersion dans le Paris de 1761.
Pour cette énigme, le scénariste renoue avec son compère Chaïko, avec qui il vient de terminer il y a quelques mois à peine un album sur François 1er pour la collection « ils ont fait l’histoire » de chez Glénat. Comme sur cet album historique, le dessinateur chinois a dû faire pas mal de recherches pour se documenter sur cette période historique afin de peaufiner le rendu de l’époque. Son coup de crayon réaliste est totalement adapté aux décors un peu boueux du vieux Paris. Il met également en exergue l’expressivité des personnages. En ce qui concerne les couleurs, elles ont été très travaillées pour laisser transpirer cette noirceur et ce côté un peu glauque de certains lieux. Le découpage quant à lui est ultra-classique pour de la BD Franco-Belge. Ici pas de pleines pages et peu de découpages originaux des cases pour faire dans le sensationnel. La plupart des planches sont découpées en 4 bandes. Mais n’est-ce pas aussi pour renforcer le fait que Nicolas fait désormais partie des grands classiques romanesques ?
Dans cette première aventure le dessin de Chaïko pose les bases solides au développement de l’univers graphique de la série et se met au service de l’efficacité du roman, adapté avec brio par Dobbs.