Gare au Gorille…
C’est l’histoire d’un jeune bibliothécaire qui a du mal à assumer une rupture douloureuse. Il décide donc de mourir dignement en participant à la grande guerre sanglante qui est retransmise sur tous les écrans de TV du pays. Les engagés volontaire de cette armée, sont de la chair à canon justes bon à agoniser devant les caméras pour le dieu « audimat ». Le héros voué à une mort certaine déjoue tous les pronostics grâce à l’apparition d’un gorille sorti de nulle part et qui semble veiller sur lui.
Le scénario est plutôt bien pensé et structuré en 6 épisodes. Chaque fin de chapitre amène à lire le prochain un peu à l’instar des séries et des films à suite qui offrent une fin stimulant l’intérêt du spectateur. L’ambiance de Far-West futuriste donne un récit surprenant et plein de scènes d’actions. Ce qui ne gâche rien, la fin est relativement originale.
Le coup de crayon de Jeff Stokely rappelle celui de Sean Murphy (auteur de « Punk Rock Jesus » ou plus récemment de « The Wake »). On découvre des visages anguleux et d’autres plus rectangulaires donnant une impression de bonhomie. Pour mettre du dynamisme aux images, l’auteur utilise des traits rectilignes. Le découpage sous forme de nombreux panoramiques fait penser aux plans cinéma ou télévisuels. Les couleurs des dessins sont chaudes lorsque le personnage central est dans le désert du « blister ». Mais plus froide lorsque l’on voit la scène par le prisme de la caméra relié à l’œil du sujet ou lorsque l’on voit entre deux la vie sur Terre.
Les dialogues sont plein d’humour et les personnages intéressants qu’ils soient principaux ou secondaires. De nombreux rebondissement ponctuent cette histoire. On y découvre notamment une réflexion sur l’époque contemporaine où les émissions de télé-réalité servent à divertir les masses pour mieux les contrôler. Critique de la recherche effrénée de l’audimat par les services marketing pour abrutir les foules entre deux écrans publicitaires et pour s’enrichir en vendant du temps de cerveaux aux annonceurs. Les téléspectateurs finissent par vivre leur vie par procuration.
J’avoue que je ne connaissais pas Simon Spurrier et Jeff Stokely. Le premier est un écrivain britannique de nouvelles et de comics, qui a commencé sa carrière en faisant de nombreux métiers. Stokely, quant à lui est un autodidacte qui n’a commencé à officier réellement en tant que dessinateur de comics que depuis 2013. Leur collaboration, nous offre un comics intelligent avec des personnages charismatiques et avec de l’humour. En bref, c’est une belle réussite et une belle surprise que l’on n’avait pas vu venir.
SIX GUN GORILLA
Simon Spurrier & Jeff Stokely
160 pages – Couleurs
Date de parution : 17/04/2015
Editeur : Ankama