La Nef des fous est un tableau du peintre néerlandais Jérôme Bosch, c’est aussi une bande dessinée dont le scénario et les dessins sont de l’artiste Turf. L’univers de la nef des fous est relativement burlesque et décalé. Dans le royaume d’Eauxfolles, le Grand Coordinateur veut instaurer le règne du pois rouge au lieu de celui de la rayure. Il va donc comploter pour prendre le pouvoir à la place du Roi Clément le 17ème. Parallèlement, Baltimore et le sergent mettent à jour un trafic de Coloquintes et sont pour cela muté dans un district qui ressemble étrangement à une « voie de garage ». Mais que fait la police et où est donc passé Arthur, le fou du roi ?

Le scénario est assez délirant on y trouve pleins de personnages pittoresques comme les Schloumpfs, des sortes de schtroumpfs maléfiques. L’intrigue est bien construite et bien cadencée pour amener le lecteur vers la réalité qui se cache derrière la nef. L’humour est très présent tout au long du récit de cet univers loufoque. D’après certain, la BD de Turf ferait référence au livre la nef des fous de Sébastien Brandt qui dénonce la débauche des hommes, leur folie, la perte des valeurs ecclésiastiques et la décadence du Moyen Âge sur un ton très satirique.

 

 

Turf est un artiste accompli, entre le scénario, le dessin et les couleurs, il a réussi à fournir une œuvre de très grande qualité. Les dessins sont très minutieux et fournis. On se perd parfois dans certaines petites cases remplies de détails. Il allie ce style à des dessins faussement naïfs et enfantins lorsque les personnages rêvent. Les visages de certains personnages sont volontairement exagérés et de nombreux accessoires de la réalité sont réinventés ou seulement légèrement transformés.

 

 

Turf maitrise toute la palette des couleurs qui oscille entre les couleurs douce ou éclatante pour le royaume d’Eauxfolles à rouge écarlate lorsque l’on voit le monde du dessous, celui des machines ou lorsque le grand Coordinateur est en grande conversation avec son maitre. Certains passages sont ocre pour mieux montrer le faste de la cours de Clément XVII. Turf se joue des contrastes pour mettre en relief des ambiances différentes. Les décors sont impressionnants et très précis.

 

 

Commencé en 1993, le dernier tome est paru en 2009. Prévu initialement en un « one-shot » de 80 pages, la série fut finalement construite en 7 tomes et accompagnée de plusieurs hors-séries, qui se sont étalés sur plus ou moins 17 ans. Pour ne rien gâcher, l’intégrale est dans un écrin rouge avec une découpe qui laisse apparaitre d’un côté le roi et de l’autre le Grand Coordinateur. Ce très beau coffret regroupe les albums et le hors-série dans un ouvrage relié de 400 pages.
 
Depuis l’édition de ce coffret, une suite nommée disparition a été publiée en août 2017, pour notre plus grand plaisir. Cette nouvelle aventure se déroule quelque temps après l’album « Terminus » et débute un nouveau cycle.