T’as le Ticket Chic, T’as le Ticket Choc…
Alors qu’il trompe l’ennui dans les bras de la cocaïne, une affaire se présente au grand Sherlock Holmes. Un policier débarque au 221B, Baker Street à la recherche du docteur Watson pour l’un de ses confrères, bien mal en point. Très vite, l’analyse des premiers indices sur la personne du brave docteur Herbert attise l’intérêt du célèbre détective. Va commencer alors un jeu de piste parsemé d’indices pour essayer de trouver ce qui est arrivé à la victime qui semble avoir perdu la mémoire des heures qui viennent de s’écouler…
Le 1er tome de cette histoire a été un gros coup de cœur lorsque je l’ai acheté en janvier 2020. Je ne sais pas comment décrire cet album pour vraiment lui rendre hommage, car je le trouve très original et excessivement bien construit que ce soit dès la couverture avec son découpage sous forme de silhouette, la qualité très détaillée des dessins dont certains sont assez magnifiques, ou encore le fait que l’on rentre dans la tête de Sherlock, au propre comme au figuré pour suivre le fil de ses pensées. Vous l’aurez compris, cela reste pour moi la meilleure BD que j’ai lue pendant cette première année de confinement. C’est pourquoi j’attendais avec impatience la suite et la fin de ce diptyque concocté par Sir Cyril Lieron et Sir Benoît Dahan. C’est donc tout naturellement que j’ai relu le premier tome avant d’enchainer la lecture du second afin de me rafraîchir la mémoire sur l’enquête.
Comme je le disais juste au-dessus, le concept de suivre les pensées du héros de Conan Doyle amène énormément d’originalité par rapport à la multitude des adaptations qui ont déjà été réalisées, quel que soit le support. On comprend réellement le cheminement logique de son esprit. Les indices sont mis en évidence au moment où Sherlock les repère et sont reliés par un fil qui nous guide tout au long de l’intrigue. Nous avançons au même rythme de ce bon vieux Sherlock qui trie, associe ou archive ses découvertes en attendant de les utiliser, au fur et à mesure du scénario. Au total, c’est une centaine d’indices répartis sur 2 tomes qui permettent à notre bien aimé détective de résoudre l’enquête. Là où la dernière page du 1er tome faisait une synthèse des principaux indices, la fin du tome 2 nous offre une rétrospective exhaustive de tous les indices de cette affaire du ticket scandaleux.
L’intrigue de Cyril Lieron est très bien construite et démontre qu’il maîtrise parfaitement son sujet. A n’en pas douter l’auteur doit être un fan de Sir Arthur Conan Doyle et / ou l’a étudié en profondeur. Plusieurs références à certaines enquêtes de Sherlock Holmes sont disséminées dans les 2 tomes. L’histoire s’articule de manière assez classique pour une enquête de Holmes, c’est-à-dire que dans un premier temps, on nous laisse penser qu’il s’agit d’une aventure extraordinaire avec des personnages exotiques puis nous découvrons que les apparences sont parfois trompeuses et que la géopolitique participe activement à l’histoire. La mise en place et l’observation de la première partie de ce diptyque laisse la place au temps de l’action et de la résolution dans le second volume. Les 2 albums entretiennent le suspense de manière efficace jusqu’à la révélation du mobile et l’explication des tenants et des aboutissants.
D’un point de vue graphique, ces 2 ouvrages sont de petits bijoux visuels. Le coup de crayon détaillé et généreux de Benoît Dahan donne énormément de richesse à l’épopée de Holmes et Watson. La délimitation à géométrie variable de certaines cases permet de ne pas contraindre l’esprit et de laisser libre cours à la « fantaisie encadrée ». On sort du cadre classique des standards de la Bande Dessinée pour rappeler les frontières de l’esprit où s’entremêlent et s’enchaînent les points clefs. Cette originalité dans la conception des planches donne pas mal de très belles pages et quelques doubles pages en cinémascope. Les couleurs quant à elles laissent planer une atmosphère de mystère, peut-être parce qu’elles s’expriment sur un fond qui n’est pas blanc, mais couleur écrue, un peu comme dans un vieux grimoire. Les auteurs ont vraiment mené une réflexion qui donne tout son sens à la version imprimée. Que ce soit par le découpage des silhouettes sur les 2 couvertures ou par la révélation d’indices de manière ludique (par transparence, en pliant les pages…), tout est fait pour privilégier le format papier. N’ayant pas lu la version numérique, Je ne sais pas par contre, s’ils ont créé d’autres façons de découvrir ces indices cachés ou si ceux-ci ont été supprimés du support digital.