Au détour d’une balade dans sa nouvelle ville d’adoption, Margot, élève précoce de seconde, découvre un livre qui va changer sa vie. Cette jeune adolescente ainsi que sa demi-sœur Abhaya vont devenir gardiennes de légendes bordelaises qui se matérialisent dans les rues de la ville, bien malgré elles…
 
Je commencerais cette chronique en remerciant Babelio et Bayard Editions de m’avoir offert la possibilité de découvrir cet album et cette artiste de talent.
 
 

 
Ce n’est pas si fréquent qu’une histoire illustrée se déroule dans une ville de province, riche en histoire. En effet, même si on a vu apparaitre depuis quelques années des BD historiques sur les grandes villes de France, beaucoup d’auteurs ont encore tendance à situer leurs intrigues dans des lieux où l’on trouve des monuments ou des architectures célèbres comme Paris ou Bruxelles. Ici, Elisabeth Belhache, jeune autrice, de 28 ans, dont c’est le premier album publié, nous fait participer à une visite guidée de Bordeaux. On voit qu’elle prend plaisir à nous faire visiter sa ville de « cœur » en nous faisant découvrir les mythes et légendes transmis de génération en génération.
 
Au travers d’une histoire empreinte de notes de fantastique, nos deux héroïnes nous présentent dans ce premier tome, deux monstres issus du patrimoine culturel de la préfecture de Gironde avec le Basilic du Mirail (rue bordelaise à ne pas confondre avec le quartier du même nom sur Toulouse) et Foulque, le dragon de la Vieille Tour. Ces deux monstres de la mythologie offrent aux lecteurs une aventure originale et magique.
 
 

 
Cette bande dessinée traite également d’autres thèmes comme la famille avec un grand F et plus particulièrement celle recomposée. On y évoque les difficultés pour chaque membre de trouver sa place et à accepter les « pièces rapportées ». On peut dire aussi que Bordelune, nous parle de la vie d’ado avec tous ces changements et le passage progressif à l’âge adulte. Cette Métaphore, se retrouve notamment lorsque la plus grande des deux sœurs se transforme et revêt automatiquement le costume de la gardienne lorsqu’elle se trouve face à l’adversité.
 
En plus d’être fan de Manga, l’autrice est libraire par passion. Elle participe par ailleurs depuis plusieurs années à Animasia, un festival sur la culture asiatique. Cela n’a donc rien d’étonnant qu’elle s’inspire de ce style de dessin pour ses personnages. On y trouve un coup de crayon simple, mais pas simpliste et surtout efficace. Les couleurs quant à elles changent en fonction du contexte. Chaudes lors des combats, plus chatoyantes à d’autres moments ou plus froides lorsqu’il s’agit de montrer des bâtiments ou de faire parler des statues normalement inanimées.
 
 

 
Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avec cette BD qui a reçu le prix « Première BD Bande d’Ados », en 2022. J’avoue avoir mis du temps à la lire. Non pas que je n’en avais pas envie (cela m’arrive très souvent de lire des albums « jeunesse » qui parlent à mon enfant intérieur) mais plutôt parce que je n’ai pas pu le lire à réception en raison d’un manque de temps. Cela ne m’a pas empêché d’apprécier cette histoire qui fait la part belle à l’imaginaire. Les adolescents et préadolescents à qui s’adresse en priorité cet ouvrage (Bandes d’ado se concentre sur la tranche d’âge 11-15 ans) devraient en apprécier la lecture. Je regrette juste qu’elle mette un peu de temps à se mettre en place au détriment des légendes qui auraient pu être plus développées. Cela n’empêche qu’il s’agit d’un très bon premier album dont j’attends avec plaisir le 2ème tome pour connaître la suite des aventures de Margot et Abhaya dans le Bordeaux contemporain.