A la CROISÉe des chemins…
La princesse de Thulé, une petite île au large de la Norvège, a été enlevée par des mercenaires à la solde d’un proche de la couronne qui veut faire disparaitre l’héritière du trône et prendre la place du Roi. La jeune Astrid est revendue par ses kidnappeurs, au gouverneur d’Acre qui l’intégrera sauvagement à son harem. Jusqu’au jour où la ville est attaquée par les croisés dont le jeune et valeureux Audaz, un chrétien franco-espagnol, fait partie. Celui-ci se prend d’affection pour cette jeune fille qui lui rappelle sa sœur, qu’il n’a pas pu sauver il y a de nombreuses années de cela…
C’est sur la plateforme de financement participatif Sandawe, que j’ai pris connaissance de ce projet pour la première fois. A l’époque, j’avais été attiré par le thème des vikings et des croisades, la couverture sympa et les croquis qui m’avaient laissé penser qu’il s’agirait d’une BD de qualité. C’est pourquoi j’avais décidé de soutenir ce projet. Malheureusement, quelques mois plus tard, Sandawe fermait ses portes en laissant dans la galère les édinautes ainsi que tous les créateurs du projet, présents sur le site. Néanmoins, c’est grâce à la pugnacité de Manuel Veiga le scénariste que, finalement, cette BD a pu voir le jour. Il s’est démené pour que se concrétise le projet, allant même jusqu’à demander un crédit personnel à sa banque afin de finaliser l’album et offrir un exemplaire aux 124 édinautes qui l’avaient soutenu.
Le scénario de cet album est plutôt bien ficelé. Il met en lumière deux protagonistes aux histoires de vie compliquées (rejet par son père aigri et autoritaire qui le tient pour responsable de la mort de sa mère et de sa jeune sœur pour l’un, captivité et violence dans un harem pour l’autre). Néanmoins, malgré l’adversité, nos deux jeunes héros sont loin d’être fatalistes et au contraire sont plutôt combatifs, ce qui les rend assez sympathiques. On découvre également en toile de fond la culture viking qui ne supporte pas la religion monothéistes des chrétiens. L’histoire raconte aussi les jeux de pouvoir qui secouent les cours royales qu’elles soient vikings ou chrétiennes. Enfin, le récit nous parle des croisades en terre sainte et des massacres qui ont eu lieu en leurs noms. Comme vous le voyez, le scénario aborde plusieurs thématiques mais le découpage et l’enchainement des actions rend le tout fluide et retient facilement l’attention du lecteur.
Le coup de crayon réaliste et détaillé de Sal Donaire, jeune dessinateur espagnol, s’adapte parfaitement, sans jamais se répéter, aux très nombreux personnages qui peuplent ce premier tome. Bien que l’action nous transporte dans différents lieux, le découpage par case se concentre beaucoup plus sur les protagonistes plutôt que sur les décors, ce qui n’empêche pas ceux-ci d’être très réussis lorsqu’ils apparaissent. Ici pas de grandes cases larges avec comme seul point de vue un paysage, mais un ensemble de cases classiques avec des arrières plans précis qui mettent en valeur les « acteurs ». Les planches sont aussi très bien mises en exergue par des couleurs attrayantes.
A la fin de la lecture de ce premier album, j’ai très envie de connaître la suite des pérégrinations de nos deux héros. Un second tome serait en préparation. Il verra certainement le jour prochainement en financement participatif sur la plateforme Ulule. Et c’est avec grand plaisir que je participerai une nouvelle fois à l’aventure.