Scénariste, dessinateur et coloriste
Un an après l’excellent Le Retour, cet artiste nous revient avec un nouvel album enjoué, qui a pour toile de fond sa Normandie natale. Aussi doué pour dessiner que pour imaginer des histoires, il a souhaité, depuis quelques années, explorer les terrains vierges de l’écriture de scénarii. Ses 2 premiers essais en solo, lui ont plutôt bien réussi, recueillant des bonnes critiques de la part des médias comme des lecteurs.
Je vous propose d’en savoir un peu plus sur l’homme et ses différents « métiers ».
Bruno Duhamel se décrit lui-même comme « Grand, blond, avec un gros nez, hyperactif, anxieux, complexé, perfectionniste, fuyant le désespoir avec humour et ironie ».
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Portrait ChinoisSi j’étais une planète ? |
Comment êtes-vous devenu auteur de bandes dessinées ?
Par la lecture, par la copie, par le rêve et la solitude, avec beaucoup d’espoir, et des milliers d’heures de travail acharné.
De laquelle de vos activités vous sentez-vous le plus à l’aise ?
Je ne suis jamais à l’aise. C’est le pire des pièges, d’être à l’aise. Il y a des parties du métier dans lesquelles je m’amuse le plus, comme les dialogues, ou la mise en « scène », le découpage, mais toutes représentent un travail minutieux, et une remise en question constante.
Le dessin final étant sans doute la partie que j’aime le moins, et la plus laborieuse.
Quelle est votre méthode de travail ?
8h-20h, 5 à 7 jours par semaine. Parfois plus tard le soir. Avec des interruptions pour faire des pompes. Et beaucoup de discipline. Mes deux premiers albums ont été réalisés sans discipline, en travaillant jour et nuit, avec des litres de café, de l’alcool et de l’herbe. J’ai fini dans un état lamentable. Depuis, j’ai avalé un sergent instructeur. Ça ne déconne plus.
Comment se déroule une journée type ?
40 minutes de métro pour aller à l’atelier, partagé avec 10 autres personnes, parce que les loyers sont hors de prix. Quand je n’ai pas oublié mes clefs, j’ouvre la porte, j’allume l’ordinateur, je me connecte à la messagerie, je regarde avec angoisse les 50 e-mails en retard, je referme la messagerie, je me fais un café, je furette sur le Net histoire de rester un minimum connecté à l’actualité, et je fouille toute sorte de sites à la recherches d’idées d’histoires, ou de documentation, et au bout d’une heure, quand mon corps a retrouvé son calme, je sors les crayons. Ensuite je ne décroche plus, au point d’en oublier très souvent de manger.
Êtes-vous satisfait de toutes les œuvres que vous avez réalisées ?
Je ne suis jamais vraiment satisfait d’un album, c’est d’ailleurs ce qui me pousse à en faire un autre immédiatement . Ça, et le fait d’essayer d’en vivre.
Je garde un bon souvenir du tome 1 de Kochka, mon premier album avec Brrémaud, pour l’aventure qu’il représente, et je trouve le résultat pas trop mal, vu les difficultés rencontrées.
L’adaptation du Père Goriot, de Balzac, chez Delcourt, est un album dont je suis plutôt content, notamment grâce au très bon boulot des deux scénaristes, Philippe Thirault et Thierry Lamy.
Pour le reste, j’avoue que je suis plus attaché aux albums dont je fais moi-même le scénario. Pas tant par orgueil que parce que ce sont les seuls pour lesquels le scénario est écrit du début jusqu’à la fin avant même la signature du contrat, souvent case par case, et dialogue par dialogue. J’attaque donc le dessin en sachant exactement où je vais, ce qui me permet d’élaborer la mécanique le plus soigneusement possible, et de modifier chaque faiblesse sans me soucier du point de vue du scénariste, pour avoir le meilleur résultat possible.
Ce sont les albums sur lesquels j’ai pu laisser mon perfectionnisme aller jusqu’au bout. Je ne les trouve pas parfaits, mais au moins, sur ces albums-là, je suis sûr d’une chose : scénaristiquement comme graphiquement, sur le moment, j’ai donné tout ce que j’avais.
Je ne pouvais pas faire mieux.
De laquelle de vos œuvres êtes-vous le plus fier ?
Le Retour, chez Grand Angle, est pour le moment l’album dont je suis le plus fier, parce qu’il était très ambitieux du point de vue des thèmes abordés, et que je pense avoir réussi à ne pas me casser la gueule.
Suivent de près Le Voyage d’Abel, pour le très beau scénario de Lisa Belvent (Isabelle Sivan), qui m’a permis d’aller vers un dessin plus intimiste et plus sensible, et Jamais, mon dernier en date, parce que je me suis beaucoup amusé à le faire.
Quel(s) prix récompensant votre travail avez-vous reçu ?
Le tome 1 de Kochka a reçu le prix du meilleur premier album au Festival de la ville de Moulins et le BD Gest Art du premier album sur le site BD Gest.
Le Voyage d’Abel a reçu le BD Gest Art du premier album pour le SCÉNARIO de Lisa Belvent (Isabelle Sivan) sur le site BD Gest. Et c’est amplement mérité.
Le Retour a décroché le prix InterPol’Art de la ville de Reims et le prix Jacarbo de la ville de Fourques.
Quels sont vos projets en cours ?
Je suis en train de découper un nouvel album pour Grand Angle (Bamboo), qui est de loin le meilleur éditeur que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Il s’agit d’un one-shot, en solo encore une fois, qui se déroule en Écosse, dans les Highlands.
Mais je ne dirai rien. Il est trop tôt…
Bibliographie
Kochka – 2 Tomes avec Brrémaud (Paquet)
Harlem – 2 Tomes avec Brrémaud (Vents d’Ouest)
Les chroniques de Sillage, Volume 3 – Collectif (Delcourt)
Butch Cassidy – 2 Tomes avec Brrémaud (Vents d’Ouest)
Je suis pas petite !!! – 2 Tomes (La boîte à bulles)
Le Père Goriot – 2 tomes avec Thierry Lamy et Philippe Thirault (Delcourt)
Les nouvelles aventures de Dupa Grave et de la petite chatte Mimine – album collectif (Editions la débrouille)
Les brigades du temps – 3 Tomes avec Kris (Dupuis)
Le voyage d’Abel – Récit complet avec Lisa Belvent (Amaranthes)
Le Retour – Récit complet (Bamboo Édition) – Consulter la chronique
Jamais -2 tomes (Bamboo Édition) – Consulter la chronique
#Nouveaucontact_ – Récit complet (Bamboo Édition) – Consulter la chronique
Le voyage d’Abel – Récit complet avec Isabelle Sivant A.K.A Lisa Belvent (Bamboo Édition)
Fausses Pistes – Récit complet (Bamboo Édition)
Deux sœurs – Récit complet avec Isabelle Sivant (Bamboo Édition)
Pour le dessin issus de Le Père Goriot, il appartient à l’auteur et aux éditions Delcourt.
Pour le dessin issu de Le Voyage d’Abel, il appartient à l’auteur et aux éditions Les Amaranthes.
Pour le dessin issu de Kochka, il appartient à l’auteur et aux éditions Paquet.
Pour le dessin issu de Le Retour, il appartient à l’auteur et aux éditions Bamboo.
Pour le dessin issu de Jamais, il appartient à l’auteur et aux éditions Bamboo.