VIVA ESPAÑA…
Igor, Chauffeur remplaçant d’un minibus, conduit des pensionnaires d’un établissement psychiatrique dans une équipée en pays Cathare qui va prendre la forme d’une thérapie comportementale et cognitive. Le groupe se compose de Monsieur Cébe qui ne sait dire que «Jour» ou «Nuit», de Mademoiselle Elise qui jure à tour de bras, de Mademoiselle Léa qui est anorexique, de Monsieur Léon qui se pense agressé par tout ce qui brille, de Monsieur Karl qui est mutique, de Mademoiselle Pomme qui a un complexe d’infériorité et de Jean-Claude et Hélène, un couple d’infirmier qui les accompagne dans leur périple.
Une fois de plus, c’est en découvrant dans une newsletter, le nom de l’album et sa couverture que je me suis penché sur le pitch. Après lecture, j’ai eu très envie de l’acheter et c’est en constatant qu’il s’agissait d’une BD de la collection grand-angle, que cela a fini par me convaincre. De manière tout à fait fortuite, je me suis laissé tenter par une autre BD dont Stéphane Louis est également le scénariste : RedSun tome 1 des éditions Kamiti. En achetant cette deuxième BD, je ne l’avais pas remarqué tout de suite. Néanmoins après avoir lu Road Therapy et en avoir apprécié l’histoire, je me suis dit que les coïncidences avaient du bon, à moins que cela ne soit tout simplement un acte guidé par mon subconscient…
Le coup de crayon du dessinateur Lionel Marty m’a lui aussi tout de suite plu pour les paysages et les éléments de décors mais un peu moins pour les visages des personnages, que j’ai trouvé d’emblée curieux. OK, on nous dépeint un groupe de patients d’un hôpital psy mais même le visage des infirmiers est parfois déformé, à l’instar des 2 gros plans de Jean-Claude et Hélène, dès la première page. Néanmoins, après avoir passé quelques pages, on se concentre plutôt sur l’histoire des personnages, sur la présence de grandes cases avec de jolis panoramas et aussi sur les magnifiques couleurs qui s’adaptent parfaitement à l’ambiance générale et estivale. Le découpage des cases de certaines pages, se fait en cinémascope comme pour raconter une histoire humaine, pleine d’émotions. La plupart du temps, les cases sont réparties au maximum sur 2 colonnes, pour donner une impression trompeuse de simplicité mais aussi pour contre-balancer la complexité des pathologies.
Le récit de Stéphane Louis est assez original, l’intrigue intéresse et la chute est bien trouvée. Le fait d’avoir choisi des patients d’un hôpital psychiatrique qui sont entrainés par un personnage extérieur au groupe et qui vont vivre une sortie rocambolesque en bus, n’est pas sans rappeler le film « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Le scénariste a du s’être documenté sur les maladies mentales et la psychiatrie ce qui rend crédible cette histoire. D’ailleurs, dans les premières pages, il remercie un psychiatre qui lui a apporté son aide dans l’écriture du scénario. C’est une BD, où l’on parle beaucoup, sans pour autant ennuyer le lecteur en le submergeant d’informations. Les dialogues sont assez fournis et donnent de l’épaisseur aux personnages ce qui les rend sympathiques.
Ce n’est pas un manuel théorique de psychiatrie, c’est pourquoi l’auteur ne s’appesantit pas trop sur l’explication des maladies mentales des patients. Néanmoins, il arrive à faire en sorte de les dédramatiser en faisant sourire avec ces pathologies assez handicapantes pour ces personnes qui en sont atteintes. On arrive facilement à s’attacher à ces patients et à ce chauffeur de bus, mais peut-être un peu moins aux infirmiers accompagnateurs. Bien que très professionnels, ces derniers sont un peu trop « frileux » à mon goût, alors qu’ils n’arrêtent pas de parler d’expérimentation et de thérapie innovante.
ROAD THERAPY
Stéphane Louis & Lionel Marty
72 pages – Couleurs
Date de parution : 02/05/2018
Editeur : Bamboo Édition
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