Punk is not dead…
Thomas McKael, alias « le cimetière », ancien membre de l’IRA puis des forces spéciales britanniques, est engagé par la société de production OPHIS. Celle-ci a décidé de booster l’audimat en proposant de cloner Jesus Christ à partir de l’ADN présent sur le saint suaire de Turin. Elle sélectionne une jeune femme vierge afin de porter l’enfant et les enferment, sous l’œil des caméras, sur une ile high-tech, hyper sécurisée. Commence alors l’émission de téléréalité la plus polémique du moment.
Arrivé à la fin du premier numéro de la série, j’avais déjà décidé d’en faire une chronique. Dès le début j’ai accroché au dessin et au scénario de Sean Murphy. C’est grâce au patron de la boutique « A plein rêves » à Nantes que j’ai entendu parler de cet album ainsi qu’un autre (« the wake ») du même auteur. En fait Sean Murphy, est un encreur, dessinateur et scénariste. Il a reçu le Prix Eisner de la meilleure mini-série et du meilleur dessinateur/encreur pour justement « The Wake ». C’est Urban Comics qui édite en France, la plupart de ses œuvres, comme « Les dossiers de Hellblazer » en 2012 ou encore sa série en cours « Tokyo Ghost », dans la collection « Urban indies » (sélection des meilleurs comics indépendants).
Bien que cet ouvrage ne soit pas à mettre entre toutes les mains, le comité de lecteurs des bibliothèques municipales de Nantes lui a décerné en 2014, à l’occasion du festival international des Utopiales, le prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction. Assez controversée par les sujets qu’elle traite, ce comics sur la religion, le terrorisme, la rébellion contre l’autorité, les dérives de la télé-réalité… n’en demeure pas moins un bon divertissement. Le propos, bien qu’à la limite du manichéisme, a le mérite de nous faire réfléchir sur des sujets sensibles et polémiques.
La seule touche de couleur de l’album, est le rose pétant du titre, un peu à l’instar de celui utilisé sur certaines pochettes d’album des Sex-pistols. Même sans y mettre de couleur, le coup de crayon nerveux voire frénétique de Sean Murphy, parle à notre esprit rebelle. Le noir & blanc au lieu de rebuter donne un petit côté marginal et contestataire qui colle assez bien avec le récit. Les traits angulaires qui définissent le style de l’artiste, sont parfois surchargés au point d’apparaitre brouillon mais s’adaptent plutôt bien à la rugosité des personnages.
On se prend assez vite d’affection pour certains personnages alors que l’on peut en haïr d’autres de par leur capacité à manipuler ou leur intégrisme. De plus, certes, c’est le clone de Jésus qui est le personnage principal du roman graphique mais par certains moments, on se demande si finalement le héros n’est pas plutôt Thomas McKael, le garde du corps, tant ses scènes d’actions hyper vitaminées sont au cœur de l’œuvre. Sean Murphy, a tellement voulu éviter les blancs qu’il essaye de nous surprendre en permanence avec des révélations et des scènes d’action pour ne laisser que très peu de temps mort. Pourtant, une narration a besoin de ces temps plus calmes afin de permettre la « respiration » de l’histoire et lui donner du réalisme.
Autre chose qui m’a un peu gêné dans la lecture : le découpage des cases. Par moment, les cases se lisent sur les 2 planches de manière horizontale et non plus verticale sur une seule planche. C’est un effet de style à la fois original mais aussi très perturbant dans la lecture car on ne sait jamais quand il va intervenir. Toujours est-il que j’ai quand même pris beaucoup de plaisir à la découverte de cet album.
PUNK ROCK JESUS
Sean Gordon Murphy
224 pages – Noir & Blanc
Date de parution : 20/09/2013
Editeur : Urban comics
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