Dessinatrice et coloriste
Alors que vient tout juste de sortir dans les bacs Nos embellies, son premier opus, cette autrice nantaise a su conquérir les lecteurs, par son style semi-réaliste. C’est sur une histoire rafraichissante de Gwenola Morizur, que s’expriment avec brio son coup de crayon et ses couleurs. Pour une première œuvre, c’est plutôt une très belle réussite.
Je vous propose d’en savoir un peu plus sur l’artiste.
Marie est illustratrice et autrice de BD. Originaire de Nantes, elle est sortie des rangs de l’école Pivaut en 2014, après y avoir étudié pendant 3 ans.
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Portrait ChinoisSi j’étais une planète ? |
Comment êtes-vous devenu autrice de bandes dessinées ?
Mon éveil à la BD s’est fait par paliers successifs, de la petite enfance à aujourd’hui.
Au tout départ, j’ai adoré Yakari avant de savoir lire, comme je l’ai dit plus haut (un immense merci à Derib, Job et Dominique). À l’adolescence, je découvre avec enthousiasme quelques mangas, puis redécouvre la bd franco-belge. Parallèlement je dessine beaucoup, et gribouille mes premières BD (à hauteur de ce qu’on peut écrire de 10 à 16 ans, hein !), j’y trouve un exutoire et un refuge.
A la fin de ma scolarité, je découvre l’existence des écoles d’arts appliqués, je fonce à l’école Pivaut, à Nantes, spécialisation BD/illustration. J’apprends également beaucoup d’échanges avec des auteurs de BD nantais. S’ensuivent 18 mois de premières commandes, de tentatives de collaborations, d’envois de books ou de dossiers à des éditeurs.
J’ai eu besoin de ce temps « d’errance acharnée » pour continuer à progresser, mon niveau n’était pas éditable au sortir de ma formation. C’est fin 2015 que mon book est retenu chez Grand Angle, Hervé Richez me propose le scénario de Nos Embellies, Gwénola et moi signons le contrat quelques semaines plus tard, après validation de mon essai. Après avoir terminé mon premier album, je peux confirmer que j’aime énormément mon métier !
De laquelle de vos activités vous sentez-vous le plus à l’aise ?
L’encrage, ou le « clean au crayon » dans mon cas : le plus difficile est passé, si tout est bien calé au stade du crayonné c’est une étape reposante où je peux travailler soit dans un état semi-méditatif, soit en écoutant des conférences, soit en réfléchissant à des scénarios. Mais attention, c’est peut-être ce que je trouve le plus facile, mais parfois ça m’ennuie ! Je trouve a contrario le story-board excessivement difficile, le crayonné et la colorisation gentiment difficiles, mais j’ai également beaucoup de plaisir à y travailler !
Quelle est votre méthode de travail ?
Pour un album ? Si le scénario est écrit en entier, je préfère travailler tout le story-board en amont, ce qui permet de le laisser murir, le faire lire, affiner l’ensemble avec le ou la scénariste, voir l’éditeur-trice. Ensuite je passe au dessin des planches. Pour les décors en intérieur j’utilise des logiciels de 3D afin de gagner en temps et en énergie. Pour chaque planche, ma méthode est tout ce qu’il y a de plus habituel : j’imprime le story-board pour attaquer par-dessus, à la table lumineuse, les « roughs » de chaque case, je gribouille jusqu’à obtention des bonnes attitudes et des bonnes expressions. Je mets rapidement au propre, scanne l’ensemble et corrige les éventuelles coquilles sur l’ordinateur. Il n’y a plus qu’à ré imprimer la planche pour en faire le clean. Puis scan et nettoyage de la planche, et enfin colorisation numérique.
Comment se déroule une journée type ?
Je travaille généralement de 7h à 20h, avec une pause de 2 heures le midi. Le contenu de la journée dépend de ce que j’ai en route : story-board, crayonné de planche, clean ou couleur pour l’album en cours, mais ça peut aussi être répondre à mes mails, gérer l’administratif, concevoir des devis, aller à des réunions pour avancer sur des commandes, etc…
Êtes-vous satisfait de toutes les œuvres que vous avez réalisées ?
Je n’ai réalisé que Nos Embellies, pour l’instant. L’album est sorti il y a à peine deux mois et je manque de recul, mais je dirai que oui, je suis satisfaite, dans le sens où j’ai donné tout ce que je pouvais : compte tenu de mon niveau en narration, dessin et couleur, je ne pense pas que j’aurais eu les moyens de faire mieux. D’ailleurs, j’essaie de me rappeler que les exigences techniques du dessin en BD n’ont qu’un seul but : servir un récit pour, au final, transporter un lecteur. Ceux que je rencontre en dédicace l’ont été, je me dis ouf, ma mission est remplie. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir en tête tous les points que je souhaite travailler et améliorer à l’avenir! Je crois être très exigeante avec moi-même, voir perfectionniste à un point pathologique, mais une fois que quelque chose est accouché, corrigé, peaufiné, puis validé par un temps de recul, j’accepte ce que j’ai fait, j’ai un minimum de considération pour toute l’énergie et la sincérité que j’y ai mis, j’observe et analyse les défauts sans les ruminer, et je passe à la suite !
Quel(s) prix récompensant votre travail avez-vous reçu ?
Nos Embellies a gagné le prix Première Bulle du festival d’Angers BD 2018.
Quels sont vos projets en cours ?
Je serai présente à quelques séances de dédicaces en librairie et sur quelques salons, en 2018. Pour le prochain projet BD, c’est l’objet de beaucoup de questionnements et de discussions pour moi en ce moment, il est trop tôt pour en parler !
Bibliographie
Nos embellies – Récit complet avec Gwénola Morizur (Bamboo Édition) – Consulter la chroniqueJukebox motel – 2 tomes avec Tom Graffin (Bamboo Édition) – Consulter la chronique
Une femme dans la course – Récit complet avec Gwénola Morizur (Le Lombard)
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