Scénariste
Il s’agit d’un des auteurs qui se cache derrière Le Pouvoir des Innocents, l’un des grands succès de la BD Franco-Belge, qui fêtera ses 30 ans en janvier de l’année prochaine. Les éditions Glénat, avec qui il n’avait jamais collaboré jusqu’à présent, l’ont sollicité afin de débuter une nouvelle série avec Stéphane Perger ainsi que pour adapter, le temps d’un tome, le barbare de légende créé par Robert E. Howard.
Je vous propose d’en savoir un peu plus sur l’homme, son parcours et son « métier ».
Plutôt que de passer son permis, ce père de deux enfants et mari d’une femme qui a du caractère, profite du calme de sa grande maison à la campagne, pour faire ce qu’il fait le mieux : écrire des scénarios de BD à succès.
|
|
Portrait ChinoisSi j’étais une planète ? |
Comment êtes-vous devenu auteur de bandes dessinées ?
Par envie, car j’en rêve depuis que j’ai 11 ans… depuis, en fait, que mon petit frère Yves a commencé à faire des dessins dans des cahiers de brouillons. Au fil du temps, c’est devenu de la BD et c’est devenu une passion commune. C’est la première chose que j’ai inscrite sur les fiches d’identité que nous remettaient nos profs à la rentrée des classes. A 21 ans, j’ai fait des études de publicité et marketing.
Dans le cadre d’un des cours, il fallait organiser un grand événement. Ma promo a choisi de monter un salon du Carrefour de l’illustration du Livre pour Enfants. Grâce à celui-ci, j’ai eu les coordonnées de Laurent Hirn, un jeune dessinateur, fraîchement diplômé, qui cherchait un scénariste pour se lancer dans la BD. On s’est rencontré. On a tout de suite compris qu’il avait envie de dessiner ce que moi j’avais envie d’écrire et inversement. On a monté un premier projet : Le Pouvoir des Innocents, qui a intéressé 6 éditeurs.
30 ans plus tard, on vient de sortir le tome 13 de cette série.
Quelle est votre méthode de travail ?
Dans un premier temps, j’imagine une histoire comme si j’avais tous les pouvoirs… j’y mets tout ce que je veux, ce que je sens, les premières choses qui me font vibrer, les premières connections évidentes entre les différentes parties du récit. Je nourris tout ça avec de la documentation, livres, films, séries. Puis, dans un second temps, je construis des personnages, je les regarde, je les écoute. Je prends le temps de les fréquenter suffisamment pour qu’ils me semblent familiers (je perçois leurs voix, leur façon de parler, de bouger, de se comporter avec les autres, comment ils vont agir). Une fois que mes personnages existent réellement, je les installe dans l’histoire que j’ai imaginée, et cette dernière se transforme et se réécrit doucement en fonction de ce qu’ils sont, de ce qu’ils sont capables de faire, de la façon dont ils vont se comporter. Le but ultime, c’est que le lecteur ait le sentiment que ce sont les personnages qui vivent l’histoire, qui font leurs choix et non le scénariste.
Comment se déroule votre journée type ?
C’est pas follement excitant. Je me lève avec mes enfants. Je les mets dans le bus. Je prends le petit déj avec ma femme. Je l’envoie travailler (haha) et je prends une douche. Ensuite, je travaille jusqu’à 17h00 en m’accordant des pauses café virtuelles sur Facebook. A 17h 05, c’est le retour de ma fille (mais l’année prochaine, ma plage de travail va copieusement s’allonger puisque ma fille passe au lycée et qu’elle ne sera plus à la maison avant 19h00.
Êtes-vous satisfait de toutes les œuvres que vous avez réalisées ?
J’ai du mal à dire si je suis satisfait de mes œuvres… pour ça il faudrait que je puisse les relire et c’est malheureusement difficile pour moi (comme je dis souvent, on fait la plupart du temps les livres qu’on aurait aimé lire, mais on est les plus mal placés pour les apprécier). Je connais les histoires par cœur, difficile de se laisser surprendre ou émouvoir dans ces conditions.
Non, par contre, j’avoue que je suis très heureux de l’accueil critique de la plupart de mes histoires et du lien qui s’est créé entre moi et mes lecteurs. Une confiance que j’espère ne pas trahir (même si on n’est jamais à l’abri). Les quelques œuvres que je regrette sont celles que je n’ai pas pu aboutir (par mésentente avec le dessinateur ou l’éditeur, ce qui ne m’a pas permis d’aller au bout de la série). Le choix tant du dessinateur que de l’éditeur est essentiel dans ce métier. Mais on a beau essayer de s’assurer que tout va bien se passer, on est parfois déçu de l’évolution de la relation au fil des albums.
De quelles œuvres êtes-vous le plus fier ?
Il y a plusieurs œuvres dont je suis particulièrement fier. Pour la joie que m’a procuré la collaboration avec le dessinateur et/ou le coloriste, voir l’éditeur, parce que chaque nouvelle histoire est un terrain vierge que j’explore et que c’est un soulagement et un bonheur d’avoir réussi à pénétrer ce monde inconnu pour en tirer quelque chose qui a l’air de pouvoir intéresser les lecteurs.
Mais l’œuvre dont je suis le plus fier, c’est le Pouvoir des Innocents et ce pour 3 raisons.
Tout d’abord, c’est mon premier scénario publié.
Ensuite, c’est sur cette histoire que j’ai rencontré Laurent Hirn, le dessinateur, il y aura 30 ans de cela en janvier 2020. J’ai connu avec lui une amitié et une compréhension dans le travail, une complicité et un désir de se mettre en permanence au service de nos personnages plutôt que de nos égos, qui ne se sont jamais démentis
alors qu’on a vu tant et tant de couples d’auteurs se fracturer au fil des années.
Et puis, le Pouvoir, c’est aujourd’hui ma série la plus longue (13 tomes parus), 3 cycles qui se complètent, qui décryptent notre monde sans jamais oublier de le faire de façon distrayante ou émouvante et qui semblent encore enthousiasmer ceux qui poursuivent l’aventure avec nous.
Quel(s) prix récompensant votre travail avez-vous reçu ?
J’ai été nominé trois fois à Angoulême (Le Pouvoir des Innocents et Urban), j’ai reçu le prix du meilleur premier album à Illzach (Le Pouvoir des Innocents), le prix du meilleur scénariste à St Malo et Brignais, un prix coup de cœur à Chambéry (Le Sourire du Clown) et un BDgest art de la meilleure série européenne pour Urban.
Quels sont vos projets en cours ?
En septembre, on devrait (enfin) voir paraître le tome 5 de HOLMES avec Cecil.
Le gros morceau en 2020, ce sera la naissance d’une nouvelle série, toujours avec Etienne Le Roux et la collaboration de Loïc Chevallier, une série de 9 volumes sur 21 ans de la vie de 2 Frères juifs de 1927 (année du passage du cinéma au parlant) et 1948 (naissance de l’état d’Israël)… Nom de la série : Deux Frères.
Bibliographie
Le pouvoir des Innocents – cycle 1 – 5 tomes avec Laurent Hirn (Delcourt)
Vauriens – 3 tomes avec Laurent Cagniat (Delcourt)
L’esprit de Warren – 4 tomes avec Servain (Delcourt)
Sixty blocs – Récit complet avec Michel Crépin, Laurent Hirn & Edmond Baudoin (Néo)
Urban Games – Récit complet avec Jean-Christophe Raufflet (Les Humanoïdes Associés)
Angus Powderhill – 2 tomes avec Vincent Bailly (Les Humanoïdes Associés)
Les Nouvelles Aventures de Mick Mac Adam – 5 tomes avec Benn (Dargaud)
Makabi– 4 tomes avec Olivier Neuray (Dupuis)
Le sourire du clown– 3 tomes avec Laurent Hirn (Futuropolis)
Après la guerre – 2 tomes avec Étienne Le Roux et Freddy Martin (Futuropolis)
Holmes (1854/†1891?)– 5 tomes avec Cecil (Futuropolis)
La mémoire dans les poches– 3 tomes avec Étienne Le Roux (Futuropolis)
Le jour où…, 1987-2007 : France Info, 20 ans d’actualité– Album Collectif (Futuropolis)
Paroles de…, Volume 6– Album collectif (Futuropolis)
Lloyd Singer– 8 tomes avec Olivier Neuray et Olivier Martin (Bamboo Édition)
Le pouvoir des Innocents – cycle 2 – 5 tomes avec David Nouhaud (Futuropolis)
Le pouvoir des Innocents – cycle 3 – 5 tomes avec Laurent Hirn (Futuropolis)
Urban– 5 tomes avec Roberto Ricci + (Futuropolis) – Consulter la chronique
Bob Morane – Renaissance– 2 tomes avec Dimitri Armand (Le Lombard)
Léviathan– 2 tomes avec Aurélien Ducoudray et Florent Bossart (Casterman)
XIII Mystery, Volume 11– avec TaDuc (Dargaud)
Conan le Cimmérien, La citadelle écarlate avec Étienne Le Roux (Glénat) – Consulter la chronique
Luminary– 3 tomes avec Stéphane Perger (Glénat)
Les frères Rubinstein– 5 tomes avec Étienne Le Roux (Delcourt)
Pour les dessins issus d’Urban, ils sont utilisés avec l’aimable autorisation de R Ricci.
Pour le dessin issu de Luminary, il est utilisé avec l’aimable autorisation de S Perger.
Pour les dessin issus du pouvoir des innocents, ils sont utilisés avec l’aimable autorisation de L Hirn.
En savoir plus sur Artefact, Blog BD
Subscribe to get the latest posts sent to your email.